Publié par Monuments Historiques le 18 février 2016
Construit dans la première partie du XVe siècle pour Thomas Morel, seigneur de Secqueville-en-Bessin et de Thaon, l’Hôtel de Than, magnifique hôtel particulier se maintient depuis lors élégamment aux bords de l’Odon, à Caen dans le Calvados.
Une grande partie de l’Hôtel de Than est depuis 1927 inscrite à l’ISMH. En 1930, ses façades, ses toitures et son ancien jardin (cour postérieure) sont enfin classés Monument Historique.
Cette magnifique bâtisse a connu un passé mouvementé depuis la Renaissance, entre incendie, bombardements, occupation allemande et restaurations.
L'Hôtel de Than connaît aujourd’hui une nouvelle destinée grâce à un ambitieux projet immobilier.
Voici un bout de son histoire.
Monuments Historiques : L’Hôtel de Than, de la Renaissance à nos jours
Les cadastres, presses régionales et locales de différentes époques nous permettent de découvrir l’histoire de ce majestueux hôtel particulier.
D’abord demeure d’une famille seigneuriale (XVe siècle), l’hôtel de Than est à la Belle Époque (période allant de 1871 à 1914) occupé en partie par la brasserie de la famille Chandivert. Réputée et luxueuse, elle accueille alors ses clients dans de grands salons style Renaissance, dans des salles vertes et dans de poétiques jardins. En 1931, les Chandivert s’associent au cinéma Majestic pour proposer un complexe moderne dans un grand bâtiment Art Déco qui lui fait face. Celui-ci fonctionna jusqu’en 1952.
En juin 1944, l’Hôtel de Than est victime d’un incendie. Les murs de la partie classée, alors calcinés, sont miraculeusement restés debout. Les autres ailes furent gravement endommagées. Les affres du temps et de la guerre et les bombardements de 1944 finirent par avoir raison de sa splendeur d’antan. En 1946, l’hôtel particulier est déblayé et étayé.
En 1948, alors que l’association syndicale de remembrement de la ville souhaite faire de la cour, un passage public, Marcel Poutaraud, architecte des Monuments Historiques, réussi à maintenir l’impasse depuis la rue Saint-Jean, et obtint une autorisation pour la restauration de l’aile des cuisines et la conservation du mur parallèle à la façade ancienne où se trouvaient les ouvertures murées des anciennes écuries.
En 1949, Charles Dorian fut chargé de la restauration de l’hôtel particulier.
Depuis 1965, l’Hôtel de Than est accessible depuis le boulevard Maréchal-Leclerc, une grille ayant remplacé l’ancienne aile en retour. Le porche du XVIIIe siècle, donnant accès à l’escalier, fut lui restauré en 1967.
Au fil du temps, l’Hôtel de Than a prêté son cadre unique à de nombreux acteurs de la ville : salle de réception, société d’équipement de bureau, de transport, magasin, agent d’affaire, Night-Club. Il fut même plus récemment le centre de recrutement de la gendarmerie.
Monuments Historiques : Architecture de L’Hôtel de Than
L’Hôtel de Than laisse apparaître des détails aux influences italiennes sur une structure gothique typiquement française. L’immeuble, véritable expression de la Renaissance, reste fidèle aux traditions de l’art hexagonal.
Les passants peuvent d’ailleurs toujours admirer ses superbes lucarnes sculptées, ses façades décorées, ses hautes fenêtres et les nombreuses salamandres sur lit de flammes ardentes des armoiries de François 1er.
Cet hôtel Renaissance est avec l’Hôtel d’Escoville l’un des plus remarquables trésors de la cité caennaise.
Une petite figure, parallèle à l’Hôtel d’Escoville, est présentée dans l’attitude la plus irrespectueuse (une femme en train d’uriner).
La légende voudrait qu’il soit question d’un signe de protestation des ouvriers contre le retard apporté à un paiement de leur salaire. D’autres voient cette posture comme un pied de nez de l’architecte à l’adresse de son homologue qui édifia l’hôtel d’Escoville.
Resté longtemps méconnu, l’Hôtel de Than poursuit aujourd’hui sa remarquable destinée à travers un ambitieux projet de restauration. Les futurs propriétaires profiteront alors du séculaire et très avantageux dispositif
Loi Monuments Historiques.